Étienne Nicol,

né à Merlevenez le 21 février 1930

Témoignage recueilli en 2012.

J’ai quitté la commune seulement pendant la guerre, quand nous étions réfugiés à Landévant, à portée de canon. La ligne des résistants n’était pas loin, à Mané Er Hoët, le point culminant, vers Nostang. Les obus tombaient et nous ne dormions pas tranquilles. Notre maison n’a pas été détruite.

Après-guerre, l’évolution a fait un saut très rapide. L’eau courante est arrivée. L’électricité était déjà là en 1937 ; mon père avait inscrit la date sur le socle d’un poteau.

Je ne sais même plus quand je suis entré à l’Étoile sportive de Merlevenez. J’ai d’abord été joueur, dans les années cinquante. C’est ainsi que ma vie associative a commencé. Pendant longtemps, Louis Uhel, nommé lors d’une assemblée générale, a été président. A l’époque, il y avait déjà deux équipes seniors et une équipe de jeunes. L’Etoile Sportive de Merlevenez remonte à loin. Dans tous les villages, des abbés formaient les clubs. Le club a été créé en 1935, par François Le Loir et l’abbé Ubi, vicaire avec l’abbé Maillot. Les gens s’inscrivaient, et sans entraînement, nous avions de bons résultats.

Nous partions directement le dimanche pour les matchs, avec le camion de l’usine de Kerguelen, vers Kervignac, Sainte-Hélène ou Plouhinec. Nos supporters montaient avec nous. Et il y avait de la joie ! Mais ensuite, on souffrait dans la semaine ! A l’époque, il y avait une douzaine de bistrots, rien qu’au centre-bourg. Quand nous revenions des matchs, il fallait aller boire un verre ! Nous chantions et c’était la fête.

Notre terrain était à Kermadio. Maintenant, c’est un beau terrain. A l’époque, il ressemblait plus à un champ, avec de l’eau en bas ; il n’était pas drainé. Après les matchs, nous nous lavions dans les fossés, remplis d’eau : nous n’avions pas de vestiaires. Nos maillots étaient déjà aux couleurs actuelles, jaune et bleu. Je suis devenu vice-président, toujours avec Louis comme président. Tous les dimanches, jusqu’à il y a une dizaine d’années, je me suis occupé de la buvette et des entrées.

Dans les années soixante-dix et jusque dans les années quatre-vingt, l’Etoile Sportive de Merlevenez a organisé les inter-quartiers, avec un cochon à gagner, une tombola et de nombreux jeux. Merlevenez était divisé en quatre : Pen Braz et Pen Bihan, la « grande tête » et la « petite tête » du bourg, eux-mêmes partagés en deux, avec la route au milieu. Les habitants étaient plus nombreux à Pen Braz. La manifestation a bien marché pendant des années.

Le Comité des Fêtes existait avant-guerre. Pendant les fêtes locales, comme dans tous les patelins, entre les courses à pied et la fête foraine, nous organisions des courses cyclistes, le lundi en général, avec un concours de boules bretonnes. Maintenant, nous jouons derrière le café, autrefois, sur l’herbe et dans les chemins. Là-aussi, je participais en tant que bénévole, du temps où François Le Loir était président. Les gens venaient d’abord pour la messe, le pardon de Notre-Dame-de-Joie. Surtout ceux du pays, pas trop ceux des communes voisines : nous n’avions ni fanfare, ni moyen de locomotion.

Je me suis aussi investi dans les deux écoles, en tant que parent d’élèves, surtout à Notre-Dame-de-Joie. Mais j’avais été moi-même élève à l’école publique.  Au Club des Anciens, je n’étais ni au bureau, ni même inscrit. Pourtant, je donnais un coup de main comme bénévole. Comme pour la fête à Beg-Er-Lann ou les autres un peu partout : le pré à gauche, au Resto, celui de Le Nezet ou à Kervénant. Les manifestations se déroulaient toujours en extérieur, sans chapiteau, car cela coûtait trop cher. Chaque année, nous changions de terrain. Nous débroussaillions ; nous montions et démontions les stands ; nous faisions le service. Il y avait souvent un repas le midi et un groupe folklorique, de manière à récolter quelques sous. C’était le but !

Toujours les mêmes pour se porter volontaires quand il y avait besoin de bras ! Nous avions des tables et des bancs pour toutes les associations, stockés dans les actuels locaux de l’ESM. A l’époque, il s’agissait des boxes de l’ancienne station de monte, où deux étalons venaient d’Hennebont avec un palefrenier. Les Anciens avaient fabriqué les tables et les bancs avec Falquerho, la menuiserie en face de la mairie. Aujourd’hui, ces tables et ces bancs sont toujours utilisés.

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